Le Fils bien-aimé, la joie du Père

La Parole de Dieu de ce dimanche vient nous appeler à l’espérance face à l’actualité dramatique de cette semaine. Face au mal, à la haine, à la violence des faits, nous sommes bouleversés et notre cœur est traversé par de multiples sentiments parfois contradictoires qui pourraient nous entrainer, nous aussi, dans la spirale du pire. Le risque est grand que nous nous laissions également envahir, de façon consciente ou non, par une certaine forme de violence.

Et voilà que les mots du prophète Isaïe nous arrivent comme un appel implacable: « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. » (Isaïe 55,7) Oui, je suis bien d’accord avec la première phrase de cette citation. Il faut que le méchant abandonne sont chemin. Il faut que le méchant se convertisse. Il faut… mais cela ne se fait pas seulement à la force du poignet et je suis bien placé pour le savoir! Car le méchant, ce n’est pas que l’autre, le terroriste, celui qui n’est pas d’accord avec moi. Je le sais trop bien: moi aussi je suis marqué par le mal; moi aussi souvent, trop souvent « je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » (Romains 7,19) L’appel à la conversion n’est pas que pour l’autre: tout être humain est marqué, traversé par le péché originel, par cette blessure de l’amour. Moi aussi, je dois me convertir. Et cette conversion, je la vis uniquement quand je reviens vers le Seigneur, quand je fais l’expérience de sa miséricorde, de son pardon.

Faire cette expérience de la miséricorde, du pardon du Seigneur, ce n’est pas aller dans une chambre de torture, bien au contraire, c’est me tourner vers le Seigneur en me présentant devant lui, tel que je suis, blessé de ne pouvoir être aimé et de ne pouvoir aimer correctement. Faire l’expérience du pardon de Dieu, c’est entendre cette parole du Père: « Tu es mon Fils bien-aimé; en toi je trouve ma joie. » (Marc 1,11)

« Tu es mon fils bien-aimé », « Tu es ma fille bien-aimée », « Tu es mon enfant bien-aimé »: voilà les mots qui nous ouvrent à la vie. Voilà les mots qui nous mettent debout. Voilà ce à quoi il faut ouvrir notre cœur: que ce soit mon cœur personnel ou celui de la communauté. Ne l’oublions pas, ce Fils bien-aimé, c’est le Christ. C’est l’Église qui est le corps du Christ et dont Jésus est la tête.

Et voilà ma prière! Oui, je ne cesse de prier pour chacun puisse entendre ces mots du Père: « Tu es mon enfant bien-aimé ». Que les victimes des attentants, se présentants devant Dieu, entendent ces mots et puissent entrer dans la joie du Père en accueillant sa miséricorde. Que les bourreaux, se présentant devant Dieu, puissent eux-aussi entendre ces mots: « Tu es mon enfant bien-aimé » et se laissent toucher par la miséricorde de Dieu vivant un véritable repentir. Que moi-même, dès maintenant et au soir de ma vie, je sois capable d’entendre ses mots et de les accueillir: « Tu es mon fils bien-aimé » afin que ma vie soit toute emprunte de la miséricorde, de l’amour de Dieu. Seul celui qui refuse cette miséricorde se trouve en Enfer, lieu du refus de l’amour.

La miséricorde, ce n’est pas dire « Tout est beau, tout est gentil » ni même chanter avec insouciance « On ira tous au paradis ». Non! La miséricorde de Dieu est une lumière qui nous éclaire sur notre péché. Par sa miséricorde, Dieu nous montre son attachement profond pour nous. Il souffre avec nous, il est bouleversé par nos malheurs, nos souffrances et notre condition d’homme pécheur. Ainsi, dans un grand mouvement d’amour pour nous, il nous manifeste sa tendresse, nous aide concrètement dans nos vies, nous pardonne nos manquements, nos faiblesses, et nous envoie son Fils qui offre sa vie sur la Croix par amour pour nous.

En son Fils, en Jésus Christ, le Père nous montre sa miséricorde. Avec confiance, tournons-nous toujours plus vers Jésus, vivons de cette miséricorde qu’il nous offre pleinement dans la grâce du baptême et de l’Eucharistie ainsi que dans le sacrement de la réconciliation.

« Cherchons le Seigneur tant qu’il se laisse trouver; invoquons-le tant qu’il est proche ». (Isaïe 55,6). Comment le faire? « Lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements » (1 Jean 5,2) Et quels sont les commandements de Dieu? « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » (Luc 10,27)

Suite aux évènements de cette semaine, dans la lumière de la fête du baptême de Jésus, réveillons la grâce de notre baptême! Ne laissons pas dormir le don de Dieu qui est en nous! Soyons témoin de l’amour, soyons témoin de la miséricorde de Dieu. Ne nous laissons pas enfermer dans la peur de l’autre, révélons-lui la beauté authentique de l’amour de Dieu par une vie de plus en plus conforme à l’Évangile. Offrons notre vie pour cela… et Dieu trouvera sa joie en nous!

Homélie pour le Baptême de Notre Seigneur

1 réflexion sur « Le Fils bien-aimé, la joie du Père »

  1. Marc Desjardins 11 janvier 2015 — 14:17

    merci, c’est ni Charlie, ni charia,charlot non plus…(faut pas charrier!)

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